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Ci-dessus:James Tomkins (à droite) célèbre avec Drew Ginn leur victoire en deux en pointe sans barreur à Athènes en 2004.Ci-dessus, à gauche: Il a remporté sa première médaille aux Jeux Olympiques de Barcelone 1992.MA 1ère EXPÉRIENCE OLYMPIQUEJe me suis mis à l’aviron à l’âge de 13 ans, mais ce n’est qu’à 17 ou 18 ans que j’ai songé à représenter l’Australie aux Jeux Olympiques. Mon entraîneur de l’époque a dit à l’un de mes coéquipiers que si, dans les cinq ans, je ne ramais pas pour l’Aus-tralie, il y aurait quelque chose qui cloche. Ce coéquipier me l’a rapporté et c’est alors que je me suis dit: «Ok, je devrais peut-être m’y mettre sérieusement.»De fait, six ans plus tard, j’ai été sélectionné pour les Jeux de Séoul 1988 et ça a été la révélation. L’Australie n’a jamais manqué une édition des Jeux d’été, nous sommes un pays de plein air, nous adorons le sport et, sur la scène internationale, nos ambitions vont habituellement au-delà de nos capacités. Me retrouver avec les meilleurs athlètes du pays dans chaque sport olympique et défiler dans le stade avec eux et les autres délégations a été phénoménal. Dans notre équipage du huit en pointe, seuls deux rameurs étaient déjà allés aux Jeux Olympiques. Les six autres et le barreur n’avaient aucune idée de ce qui les attendait. On aurait dû faire mieux, mais je crois qu’on n’était pas préparés aux énormes enjeux que cela représentait. Je me souviens d’avoir regardé avec beaucoup d’émotion l’extinction de la flamme lors de la cérémonie de clôture, car je savais que c’était fini et que je n’aurai pas d’autre chance.LA PRESSION DES JEUXLes performances décevantes ne servent qu’à une seule chose: apprendre! Après Séoul, nous avons décidé de faire les choses différemment. Cela nous a pris du temps, mais nous nous sommes rendu compte que nous pouvions passer dans pour que la performance soit extraordi-naire. Mais je n’aime pas cela. Rares sont ceux qui ressentent ce type de sensation et on peut se retrouver très seul. Une fois prêt pour la course, vous savez que trente minutes plus tard, un rameur va devenir champion olympique. Cela provoque une solitude immense, mais ramer en équipe signifie néanmoins qu’on est entouré de ses coéquipiers avec lesquels on peut partager cette charge émotionnelle. MES JEUX PRÉFÉRÉS On aime chaque édition des Jeux à laquelle on a participé, mais pour des raisons différentes. La première fois que nous avons gagné l’or, en 1992, ça a été très spécial mais aussi un soulagement parce qu’il y avait beaucoup d’attentes. Avec le décalage horaire, notre finale a eu lieu en plein milieu du journal télévisé du dimanche soir, par conséquent, prati-quement toute l’Australie a vu la course. C’était dingue! On gagne une course qui dure moins de six minutes et, en un ins-tant, votre vie est totalement bouleversée.une embarcation à quatre et que cela pouvait marcher plutôt bien. Nous avons gagné notre premier championnat du monde dans cette épreuve en 1990 sur le lac Barrington en Tasmanie, mais ma soeur ne m’a pas laissé le temps de savourer ma victoire. Alors que nous re-préparions le bateau, elle est venue nous dire: «C’était génial! Si vous continuez comme ça, les gars, vous pourriez gagner aux Jeux!» C’est comme si elle avait actionné un dé-clencheur. Elle avait tout à fait raison, et depuis ce moment-là, je me suis dit que si on ne gagnait pas l’or olympique en 1992, ce serait une nouvelle énorme occasion manquée. J’avais donc deux ans pour me préparer et faire monter l’excitation! On voit des athlètes aux Jeux qui sont très détendus quand ils s’alignent au départ. Moi, j’étais tout à fait l’inverse. J’avais les nerfs à vif. J’imagine que c’était ma façon d’être prêt. Si je n’avais pas été nerveux, j’aurais été inquiet car cela aurait voulu dire que çela ne signifiait rien pour moi. Plus j’étais remonté et plus la course était importante, et plus je redoublais d’efforts 76 REVUE OLYMPIQUE MES JEUX