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NOMBREUX SONT LES LIENS QUI EXISTENT ENTRE LE SPORT DE HAUT NIVEAU ET LE
DÉFI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE. EN ADOPTANT LA DURABILITÉ COMME L’UN DE SES
PRINCIPES DE TRAVAIL, LE CIO PEUT AVOIR UN IMPACT SIGNIFICATIF ESTIME MARK HALLE.
AU-DELÀ DES ANNEAUX
DÉVELOPPEMENT
DURABLE ET
MOUVEMENT OLYMPIQUE
Lorsque l’idée du développement
durable a été initialement exprimée
en 1987, nombre d’entre nous
ont estimé que la notion était tellement
convaincante qu’elle serait immédiatement
acceptée et mise en oeuvre. Près de
30 ans plus tard, il est évident que les défis
du développement durable sont considérablement
plus vastes qu’imaginés à
l’origine. Certes, nous avons bien progressé
dans un grand nombre de secteurs
mais, par bien des aspects, notre planète
en est encore à perdre progressivement
sa capacité à accommoder la vie humaine
ou du moins une vie d’une qualité que la
plupart d’entre nous considèrent comme
le strict minimum.
Comme la conclusion n’offre aucune
échappatoire, nous allons devoir rapidement
modifier notre développement économique,
notre production et nos modes
de consommation ainsi que nos modes de
vie individuels. Il va falloir emprunter des
voies durables pour ne pas laisser à nos
enfants un héritage de conflits sociaux,
de dégradation environnementale et une
diminution rapide des options d’avenir.
De plus, le développement durable ne
peut être perçu simplement comme le
portefeuille du ministre de l’Environnement,
tandis que les autres continueraient à vaquer
à leurs occupations. La durabilité doit
s’imposer dans tous les domaines de notre
vie économique, sociale et personnelle.
C’est l’affaire de tout un chacun.
Quels sont alors le rôle et la responsabilité
du Mouvement olympique
et en quoi le défi du développement
durable le concerne-t-il? Il y a
bien entendu l’empreinte des Jeux
Olympiques eux-mêmes. Aujourd’hui,
ils s’efforcent de respecter des normes
écologiques strictes à la fois au niveau
de la construction des sites et de leur
réutilisation, et de l’organisation des
transports non polluants au recyclage
des déchets en passant par l’utilisation
maximum d’énergies renouvelables. Que
cet aspect soit désormais intégré dans le
monde entier aux Jeux Olympiques mérite
d’être salué, mais il y a lieu d’aller plus loin.
Les liens entre sports de haut niveau et
défi du développement durable sont importants
mais la promotion du développement
durable bute sur un dilemme fondamental.
En effet, celui-ci prône un gain à long terme
souvent au prix d’un sacrifice à court terme.
Parallèlement, les bienfaits d’un comportement
à court terme sont souvent immédiats,
tangibles et aisément compris. Quant au
coût, il est reporté à plus tard ou ailleurs le
plus souvent, et la facture augmente pour
d’autres ou les générations à venir. Quand
la récompense est là, sous nos yeux, et que
l’intérêt à la repousser est nébuleux et souvent
mal compris, rien d’étonnant à ce que
tant de monde choisisse le gain immédiat.
Le sport de haut niveau, cependant,
comprend le long terme. Aucun athlète
n’arrive aux Jeux Olympiques en s’étant
entraîné chez lui une semaine auparavant.
Tous, sans exception, ont suivi des
années d’entraînement rigoureux avec,
inévitablement et constamment, des
sacrifices personnels dans la quête du
succès à long terme. La discipline de
l’athlète de haut niveau ressemble à celle
à laquelle nous devons nous soumettre
pour parvenir au développement durable.
La notion de sacrifice à court terme pour
un gain à long terme leur a été inculquée
dès la plus tendre enfance.
Dans un monde inondé d’informations
et d’appels à l’attention, la valeur des
dirigeants et des modèles ne cesse de
croître. Les athlètes olympiques sont
perçus comme des héros. Ils ont sacrifié
énormément pour parvenir là où ils sont
arrivés, et leur dévouement à la cause du
succès à long terme est un modèle pour
tous. Les athlètes devraient être encouragés
à faire le lien entre leur détermination
et l’action indispensable pour sauver la
planète. L’intérêt que le public accorde
aux Jeux Olympiques est quasiment sans
égal. Ils sont l’occasion de transmettre des
messages qui correspondent aux valeurs
du Mouvement olympique.
Enfin, le CIO, lui-même, est fondé sur
des valeurs de paix, d’équité, d’excellence,
d’acceptation mutuelle et de compréhension,
de respect pour la performance qui
caractérisent le mouvement à l’ère moderne.
Ces valeurs fixent la norme pour l’ensemble
du Mouvement olympique en collaboration
avec des associations sportives du monde
entier par le biais de son réseau de Comités
Nationaux Olympiques. Ce réseau massif et
dense peut diffuser des messages et toucher
un nombre considérable de personnes sur
tous les continents.
Le choix du CIO de retenir la durabilité
comme l’un de ses principes de travail et
d’utiliser sa capacité de communication pour
lier les valeurs du Mouvement olympique à
l’avenir de la planète ne manquera pas d’être
bien perçu et d’avoir un impact. Il se pourrait
même que ce soit au final l’héritage le plus
important du CIO. ■
Mark Halle est directeur exécutif
de l’Institut international pour le
développement durable (IISD) en Europe.
Expert du développement durable, il a
beaucoup écrit sur le sujet. Pour plus
d’informations, consultez www.iisd.org
26 REVUE OLYMPIQUE
OPINION