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TORIN KOOS A DÉDIÉ TOUT SON TEMPS AU SKI DE FOND ET A REPRÉSENTÉ LES ÉTATS-UNIS AUX JEUX OLYMPIQUES D’HIVER, MAIS SON RETRAIT DE LA COMPÉTITION A OUVERT UN NOUVEAU CHAPITRE DE SA VIE. AU-DELÀ DES ANNEAUX LES ATHLÈTES SONT CHANCEUX: ILS VIVENT DEUX FOIS En tant qu’athlète, j’étais un requin. Dès l’école primaire, j’ai su que le sport était ma grande ambition et mon but dans la vie. Durant la plus grande partie de ma vie, j’ai été résolu et déterminé quant à la manière dont je m’y prendrais.Dès le réveil, avant même de poser le pied au sol, je préparais un plan d’action précis pour la journée pour devenir l’un des meilleurs skieurs de fond du monde. J’avais besoin de défis physiques, mais de ceux qui vous permettent de constater et de ressentir la progression au quotidien. Pour me réveiller, je préférais la perspective d’une séance de fractionnéà haute intensité que celle du repos.L’autre jour, je me suis réveillé avec la chanson Cleaning Windows de Van Morrison qui passait sur les ondes. «À quoi je tiens?», demande un homme qui a exploré plusieurs voies en quête de réponses fondamentales.«Je suis heureux en laveur de carreaux, se dit l’homme. Travailleur dans la fleur de l’âge, je nettoie les fenêtres.»Vous ne verrez certes pas de seau d’eau savonneuse à côté de moi, mais je crois comprendre parfaitement ce que Van a dû ressentir avant d’écrire ces lignes. Il avait 36 ans quand il a composé cette chanson, mon âge aujourd’hui. Quand on est coincé par les détails pratiques du quotidien, il est facile d’oublier toutes les rivières que l’on a franchies lorsque l’on contemple l’Atlantique… Van avait déjà à son actif un album disque d’or et la chanson Brown Eyed Girl lorsqu’il a écrit Cleaning Windows.Ce que je comprends, c’est que quand votre philosophie de vie est de réaliser de grandes et belles choses, il est facile de rester immobile sur le rivage en proie à la peur, au doute et aux regrets. Van a mixé ces trois ingrédients pour en faire le catalogue musical le plus vénéré de l’histoire de la musique. En tant qu’athlète, s’imaginer que la transition entre le sport et sa nouvelle carrière doit s’effectuer sans heurts est peut-être naturel et inscrit dans notre ADN en quête d’excellence.J’ai participé à mes quatrièmes Jeux Olympiques d’hiver à Sotchi en 2014. C’est aussi là que j’ai abandonné mes aspirations sportives et pris une nouvelle orientation. Une chance, autre chose me titillait: j’ai toujours voulu devenir un journaliste hors pair. Écrire peut déclencher l’imagination. Les bons sujets ont le don de modifier votre perception du monde. Je voulais marcher sur les traces de Hunter S. Thompson, tomber dans la cage d’ascenseur du journalisme gonzo pour y trouver au fond une fosse pleine de sirènes… Je suis souvent à l’affût d’une tranche de vie, d’une anecdote, d’une scène brève pour étoffer mon récit. Le défi créatif que représente le journalisme ne connaît pas de bornes. Cette profession rend fou, mais outre le sport, je ne connais pas d’autre métier plus nourrissant pour l’imagination.Après Sotchi, j’ai quitté les pistes pour répondre à cet appel. J’ai commencé par suivre les sports olympiques pour le quotidien américain USA Today avant de passer à la télévision comme producteur pour les infos chez NBC. Plus récemment, j’ai intégré le CIO où j’ai contribué à des programmes innovateurs pour mieux aider les athlètes à atteindre leurs objectifs hors des aires de compétition. Abandonner la compétition a ouvert un nouveau chapitre de ma vie. Depuis Sotchi, rien n’a été tracé pour moi. Ci-dessous: Torin Koos a participé à quatre éditions des Jeux Olympiques d’hiver.J’ai dû façonner mon chemin pas à pas. Et c’est ce qui a fait toute la différence. ■Torin Koos a pris part à quatre éditions des Jeux Olympiques d’hiver en ski de fond pour les États-Unis. Depuis qu’il a pris sa retraite sportive, il a travaillé comme journaliste sportif, ce qui lui a valu de nombreuses récompenses, et comme producteur de télévision. Plus récemment, il a participé pour le CIO à la création d’initiatives de soutien aux olympiens telles que le programme de suivi de carrière des athlètes du CIO. 28 REVUE OLYMPIQUE OPINION